Le décès accidentel du pêcheur sénégalais dans nos eaux
Le samedi 27 janvier 2018 une pirogue de pêcheurs sénégalais interceptée dans nos eaux par les garde-côtes mauritaniens refuse d’obtempérer et entreprend des manœuvres dangereuses pour la sécurité de notre vedette de surveillance.
La Surveillance tente de la neutraliser en tirant sur son moteur, mais l’un des pêcheurs est tué accidentellement. Immédiatement, comme d’habitude, s’en suivit le pillage des boutiques mauritaniennes à Saint Louis. Nos ressortissants ne durent leur salut qu’à l’intervention énergique des forces de l’ordre et la protection des voisins sénégalais. Le Sénégal parle de bavure, la Mauritanie d’un accident regrettable, les groupuscules « politiques » s’enflamment, mais la situation est gardée sous contrôle par les gouvernements respectifs. Dans ce « conflit de basse intensité » qu’est le voisinage de la Mauritanie et du Sénégal, nous n’avons pas toujours tord mais nous avons toujours perdu la guerre de la communication. Le Sénégal a toujours su mieux que nous rallier à ses arguments l’opinion publique internationale , et même souvent la nôtre. Certains vont jusqu’à parler de “meurtre” ou de responsabilité du gouvernement mauritanien. Le déclencheur des “ événements de 1989” en terme de manipulation restera un cas d’école: le 9 avril 1989, à Diawara (Sénégal) un accrochage entre des bergers peuls mauritaniens et des paysans soninké Sénégalais, devient quelques jours après, par les miracles de la manipulation, une guerre civile entre les maures et les negroafricains, avec les conséquences que l’on sait. Mais pour rester dans le domaine de ces accidents liés à l’exercice de la loi, rappelons à nos frères sénégalais qu’elles peuvent arriver y compris chez soi,et qu’elles ne doivent pas être un prétexte aux violences entre communautés. Avril 2002, Mohamed Ould Sneid, commerçant mauritanien, a été abattu de plusieurs balles en tentant de traverser le fleuve, près de Gourel. Aucun sénégalais n’a été inquiété chez nous et la Mauritanie n’en a pas fait un drame international. Son cas est toujours entre les mains de la Justice sénégalaise. 09 janvier 2008, une pirogue surprise par les garde-côtes en délit de pêche sans license, attaque ces derniers au cocktails Molotov et armes blanches. L’embarcation des garde-côtes prit feu mais son équipage le maîtrisa par miracle. Les pêcheurs furent maîtrisés et conduit à Ndiago et cela sans faire usage des armes à feu, grâce au sang froid des garde-côtes qui se contentèrent de garder le capitaine Salou Sey pour ses agressions et libérer le reste de l’équipage. Seulement, arrivés à Saint Louis, les pêcheurs répandirent la rumeur de la mort de deux des leurs, déclenchant intentionnellement les attaques contre les mauritaniens. Le lendemain Salou Sey parla à la radio pour affirmer que non seulement il n’est pas mort, mais qu’il a été bien traité. Mais les boutiques étaient déjà pillées. Elles furent indemnisées quelques années après par le gouvernement sénégalais. C’est dire que quand il n’y a pas de prétexte les guet ndariens peuvent l’inventer pour manipuler les foules. Mais les autorités de part et d’autre sont vaccinées contre ce genre d’agissement, et c’est pourquoi la réaction rapide des forces de sécurité sénégalaises a été franche, rapide et décisive. Malgré les habituels fauteurs de troubles, nos autorités respectives ont rapidement maîtrisé la situation, mais se doivent aussi de prendre les mesures nécessaires pour éviter la récidive. Pour cela on doit s’attaquer au fond du problème qui est l’accès des Guet Ndariens à la pêche en Mauritanie par la voie légale et non par la piraterie. En attendant ces pêcheurs pirates, pris en flagrant délit, doivent surtout éviter le recours à la violence envers les garde-côtes, afin d’éviter ce genre d’accidents regrettables. Pour cela il faut une véritable campagne auprès des pêcheurs de Saint Louis pour leur faire admettre l’existence des frontières et que ce ne sont pas leurs frères nomades du sud qui les ont inventées. C’est une difficile transformation des mentalités que nous leur demandons, eux qui sont habitués à la gratuité et à la liberté de manœuvre totales. La Mauritanie de 1960 à 2014 leur a ouvert ses eaux, même au pic du conflit des années 90. 5000 pirogues avaient ainsi accès sans la moindre formalité et même les quelques dizaines arraisonnées par an, étaient remises à leurs propriétaires lors de cérémonies officielles périodiques. C’est seulement quand nous avons commencé à gérer notre propre pêche artisanale que nous avons demandé un semblant de légalité à nos frères sénégalais. C’est ainsi qu’un accord de pêche, à un prix purement symbolique a été signé pour l’année 2015, pour 10€ la tonne au lieu de 300€ pour les autres partenaires. La seule clause contraignante était le débarquement de 6% de ce quota pourtant non déductibles des 50.000 T. Elle n’a jamais été respectée et les autorités mauritaniennes n’en ont pas fait un blocage. Le renouvellement de ce protocole a achoppé sur la clause de débarquement rejetée par les pêcheurs sénégalais et qui est imposée par le Code des Pêches mauritanien à tous les partenaires, dans le souci d’une gestion durable de la ressource, pour une pêche responsable.