Noêl Mamère : « J’accuse » !

 

Noêl Mamère persiste et signe dans ses accusations contre le président Aziz qu’il soupçonne d’implication dans le trafic de drogue dans la sous-région. Dans un entretien qu’il nous accordé, le parlementaire français ne va pas par quatre chemins et parle d’une affaire de «notoriété publique». Dans cet échange exclusif, Noêl Mamère se fonde sur des relations «suspectes » du président et sur les risques du blanchiment d’argent. Il y évoque aussi la situation au Mali.

Rien ne fait reculer le député Noêl Mamère dans ses accusations proférées contre le président Aziz à l’occasion  de l’émission « 28 minutes » diffusée sur la chaine franco-allemande Arte, lundi 21 janvier 2013. Une émission qui a fait tabac  hors métropole pour son caractère inédit. Dans cette émission, en effet, Noêl Mamère, député Verts, membre de la majorité présidentielle en France, discutant de la crise malienne sur le plateau, avait, sans détour, porté de graves accusations contre le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Le député français avait en substance dit parlant de la menace Djihadiste: « est-ce que vous imaginez que les Jihadistes vont disparaître et qu’ils ne vont pas se réfugier … en Mauritanie où il y a un président qui est le parrain d’un trafic de drogue par exemple ?». Le pavé était ainsi jeté dans la marre. On ne jasait plus, depuis cette interview, que de tels propos. Nous avons pu contacter le premier intéressé qui ne s’est pas dérobé à nos questions.

Relations troubles du président Aziz

A la question de savoir s’il se rendait compte de la gravité de ses déclarations et sur quels faits se basait-il pour porter une telle accusation contre le président Aziz, le député français ne s’embarrasse guère des états d’âmes et reste imperturbable réitérant les accusations déjà tenues dans l’émission précitée. « Je vous confirme les propose que j’ai tenus concernant le président de la Mauritanie, qui ne font que confirmer ce qui est de notoriété publique». Il n’y a donc pas de raison pour le député français de reculer dans ses assertions. Et pour les corroborer, le député français cite les relations troubles du président Mohamed Ould Abdelaziz notamment au travers de la grâce présidentielle accordée à Eric Walter Amégan, célèbre trafiquant de drogue, extradé en 2009 par le Sénégal, en Mauritanie. L’affaire avait, en effet, émaillé la justice mauritanienne lorsque la Cour d’Appel avait relaxé tous les détenus dans l’affaire Amégan-Mini Ould Soudani. Le 15 février 2011,  alors que le président Aziz est au Pouvoir, explique Noêl Mamère, le principal accusé bénéficie d’une mesure de grâce présidentielle réduisant de 15 à 10 ans sa condamnation à la réclusion criminelle avant de se voir -comme par enchantement- souligne-t-il, acquitté le 11 juillet 2011.  Dans cette affaire louche Eric Walter Amégan bénéficie d’une sympathie encore inexpliquée du président Mohamed Ould Abdelaziz, martèle Mamère. De telles relations  -tout d’ailleurs comme ses liens avec le consul général de Guinée Bissa, entourent les liens du président Aziz d’un voile très opaque, assure Noêl Mamère. Les mêmes relations poussées avec Hamdi Boucharaya, consul général de Guinée-Bissau, pays aujourd’hui plaque tournante du trafic de drogue, soulèvent encore bien des interrogations indiquent le député Français.   »On ne compte plus ses visites au Palais présidentiel de Nouakchott.  C’est un véritablement secret de polichinelle que de savoir qu’il a pignon à la Présidence mauritanienne et que le président Aziz ne lésine pas sur les marchés publics attribués en sa faveur sous le couvert d’un partenariat avec des sociétés espagnoles comme Atersa photovoltaique, inaugurée récemment par votre premier Ministre », précise Noêl Mamère. «Malheureusement, comme vous vous en doutez, un certain nombre de régimes de la sous-région du Sahel sont impliqués, de manière directe ou indirecte, dans toutes sortes de trafics lucratifs qui nuisent à la nécessaire stabilité politique de pays déjà touchés par une grande pauvreté des peuples », soutient fermement le député français, Noêl Mamère.

Quels enjeux au Mali ?

A la question de savoir, les raisons des tergiversations de la Mauritanie concernant son implication dans le conflit au Mali, Noêl Mamère croit savoir qu’elles ne tiennent pas qu’à ces raisons. « Ce pays a beaucoup agi dans l’élimination des djihadistes (contrairement au Mali), mais il compte sur son territoire de nombreux Touaregs et ne veut donc pas se laisser entraîner dans un engrenage dangereux pour ceux qui sont actuellement au pouvoir ». L’intervention française au Mali concerne directement les pays limitrophes, souligne pourtant Nôel Mamère, mais elle risque d’ajouter à la fragilité de la sous-région. Mais comme c’est une guerre « asymétrique » (une armée contre des groupes mobiles et bien armés), elle risque de s’enliser dans les sables du désert, indique Nôel Mamère tout en précisant qu’à l’exception du Tchad, aucune armée Africaine n’est formée à la guerre du désert. Le député « Verts » rappelle cependant que dans la continuité de sa politique Africaine, la France a choisi l’option militaire (peut être inévitable), résultat de graves défaillances dans sa politique d’aide au développement en direction de ses anciennes colonies précisant que la seule question qui vaille est de savoir quelle politique Africaine de la Gauche? Veut-elle la rupture avec la France-Afrique ou continuer à protéger ses intérêts coûte que coûte? Il met enfin en garde contre les appétits et les convoitises de certaines entreprises pour les gisements potentiels de gaz et de pétrole dans la région, soulignant que c’est là le véritable enjeu et que notre pays est dans la même tourmente.

 

 

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