COD: Non à la transformation de la Mauritanie en narco-Etat

 

Selon l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), l’Afrique entière a connu un développement spectaculaire du trafic de stupéfiants, surtout les drogues dures. Mais l’Afrique de l’Ouest et particulièrement la zone sahélo-saharienne, est la partie du continent la plus touchée par ce fléau, responsable notamment de l’instabilité politique dans la sous-région, de la résurgence des coups d’Etat militaires, de la fragilisation des circuits formels de l’économie et, aujourd’hui, du conflit malien dont la drogue se trouve au cœur des enjeux.

En Mauritanie, le trafic de drogue est non seulement présent depuis plusieurs années, mais il y a de fortes présomptions que le pays soit devenu une des principales plaque-tournantes du narcotrafic dans la sous région et que les réseaux criminels aient tendu leur influence jusqu’au sommet de l’Etat.

Un simple rappel de quelques unes des affaires liées à la drogue, de certaines décisions judiciaires et sécuritaires prises par Mohamed Ould Abdel Aziz et de ses relations avec certains milieux opaques, permet d’appréhender jusqu’où l’hydre du narcotrafic s’est incrusté subrepticement dans nos murs et à quel point il a tendu ses tentacules dans notre pays !

Des affaires louches…

L’affaire de l’avion de Nouadhibou: Le 2 mai 2007, la police mauritanienne découvre, abandonnée sur le tarmac de l’aéroport de Nouadhibou, une importante cargaison de 629 kilogrammes de cocaïne, débarquée d’un avion bimoteur. Très vite, l’enquête menée par l’ancien Inspecteur Général de l’Etat pointe du doigt de très hauts responsables sécuritaires, dont l’enquêteur demande l’audition. Le rapport de celui-ci sera jeté aux oubliettes et l’affaire étouffée à ce jour. L’affaire du bus de Nouakchott : En août 2007, les forces de l’ordre interceptent un minibus avec une cargaison de plus de 760 kilos de cocaïne. Deux Mauritaniens et un franco-africain sont arrêtés.Condamnés à 15 ans pour deux d’entre eux et sept ans pour le troisième, un décret présidentiel en date du 15 février 2011 leur accordera une réduction de peine de 5 ans ! Le 13 juillet 2011, toute la bande est fut acquittée par la Cour d’Appel de Nouakchott, soit juste deux mois après la visite à Nouakchott d’un certain Général Antonio Injai, chef d’Etat-major bissau-guinéen, aujourd’hui objet d’un mandat d’arrêt émis par un juge américain qui l’accuse de trafic de drogue ! Les révélations de Canal+ : En Mars 2010, la chaîne de télévision française Canal+ a consacré une enquête de son émission “Spécial Investigation” au trafic de drogue en Mauritanie. Les journalistes ont obtenu des témoignages mettant en cause un Colonel de la Gendarmerie mauritanienne, ancien Directeur Général des Douanes. Ici, les soupçons de collision contre le régime mauritanien avec le narcotrafic trouvent leur raison dans le silence que les autorités observent autour de cette accusation grave, portée contre un haut gradé des forces armées nationales et de sécurité! Les accusations de Noël Mamère :Le21 janvier 2013, M. Noël Mamère, député français a accusé Mohamed Ould Abdel Aziz d’être « un parrain de drogue ». Ce dernier ne se résout à porter plainte qu’après que l’Opposition soit montée au créneau ! Le Ghanagate :Des enregistrements audio circulent depuis quelques semaines sur le web, où on entend clairement la voix de Mohamed Ould Abdel Aziz, négociant une transaction douteuseavec un ressortissant irakien du nom d’Alawi, établi au Ghana. On y parle de la “livraison d’une cargaison” non définie, que la presse ne trouve pas de difficulté à lier à des « valises » au contenu inconnu, ramenées par Coumba Ba, une ancienne ministre du Chef de l’Etat actuel, d’un voyage tout aussi suspect au Burkina Faso !

 

 

Des liaisons suspectes…

En plus de toutes ces affaires qui laissent suspecter une connivence entre le pouvoir mauritanien et les narcotrafiquants, Mohamed Ould Abdel Aziz lui-même entretient, comme l’indiquent son carnet d’audiences et certaines révélations de la presse, des relations troubles avec des personnes du milieu du narcotrafic international et sous-régional : 

–          Le général Antonio Injaide Guinée Bissau, recherché par la justice américaine pour trafic de cocaïne, reçu par Aziz en décembre 2010 et ayant effectué un voyage douteux à Nouadhibou à l’occasion de la même visite ;

–          Chrif Ould Taher, ressortissant de l’Azawad malien, considéré comme le cerveau de l’affaire du Boeing de drogue incendié au nord du Mali en 2009 et recherché par l’Interpol. Selon la presse, il aurait trouvé asile en Mauritanie et fréquenterait régulièrement le Chef de l’Etat ;

–          Mohamed Ould Ahmed Deya dit Rouggy, objet, lui aussi, d’un mandat d’arrêt international pour trafic de drogue a été vu récemment à une manifestation publique à Nouakchott.

Des décisions étranges…

L’élargissement par le régime actuel de plusieurs centaines de trafiquants et de consommateurs de drogue : Les prisons mauritaniennes sont régulièrement vidées, par grâce présidentielle, à l’occasion des différentes fêtes nationales, des auteurs d’actes criminels aussi graves que le convoyage, le recel, la détention et la consommation de cocaïne saisie sur le territoire national,  souvent en procédure de flagrant délit. La neutralisation de la Police Nationale : Ayant acquis, au fil des ans, une grande expérience dans la lutte contre le fléau de la drogue, ce Corps se trouve aujourd’hui dans une situation de quasi-chômage technique, après que ses missions eussent été réparties entre l’Agence de documents sécurisés, la Gendarmerie et le nouveau Corps de la sécurité routière.

Des questions sans réponses…

Face aux doutes que tout ce qui précède laisse planer sur l’implication du régime actuel et de Mohamed Ould Abdel Aziz en personne dans le narcotrafic, les autorités mauritaniennes gardent toujours un silence dont le moins qu’on puisse dire est qu’il est, lui aussi, suspect. Toute une série de questions sont aujourd’hui posées et demandent instamment réponse : (1) Que venait chercher le général Antonio Indjai chez Mohamed Ould Abdel Aziz en décembre 2010 ? Et que faisait-il à Nouadhibou ? (2) Pourquoi Mohamed Ould Abdel Aziz ne réagit-il pas aux accusations portées contre lui de tremper dans une affaire de blanchiment d’argent, impliquant une de ses proches collaboratrices, Coumba Ba, le malien Hamed Omar, et l’irakien Alawi ? Pourquoi avoir tenté de négocier leur silence avec ceux qui ont fuité les enregistrements d’Accra, si ces derniers ne sont pas  authentiques ? (3) Des soutiens politiques du camp de Ould Abdel Aziz et non des moindres n’ont-ils pas reconnu dans des émissions radiotélévisées que la voix prêtée à Aziz est bien la sienne ? (4) Un journaliste proche de Ould Abdel Aziz et l’ayant accompagné lors du fameux voyage du Burkina Faso n’avait-il pas révélé, en son temps, l’existence de curieuses valises chez Coumba Ba ? (5) Pourquoi le Chef de l’Etat ne réagit-il pas aux accusations d’accorder asile, sur le territoire national, à des trafiquants de drogue recherchés par Interpol et d’entretenir avec eux des relations   personnelles? Comment expliquer  l’absence de toute politique de lutte contre le fléau de la drogue en Mauritanie  au moment où Ould Abdel Aziz multiplie les campagnes médiatiques et les réglementations dans tous les domaines, allant jusqu’à l’interdiction des sachets plastiques (zazou).

Forte des constats ci-dessus et des graves soupçons de collision avec le narcotrafic qu’ils font peser sur le pouvoir, la COD (1) invite l’ensemble des mauritaniens et toutes les forces vives nationales de toute obédience politique ou sociale, toutes les élites de notre peuple (société civile, religieux et personnalités indépendantes) à prendre conscience de l’ampleur des menaces que les dérives criminelles de l’autorité de fait  font courir à la Mauritanie et à son avenir, (2) met en garde contre les risques de criminalisation qui pèsent sur l’Etat mauritanien, les conséquences que peut avoir, pour la souveraineté nationale, la démocratie et l’existence même du pays, la mainmise de la pègre du narcotrafic sur les centres de décisions du pays, (3) exige la démission de Mohamed ould Abdel Aziz du poste du président de la république, (4) demande l’ouverture d’une enquête indépendante et crédible sur le dossier de la drogue dans notre pays

Nouakchott, le 27 mai 2013

La COD

 

 

 

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