Mauritanie/Vacance du pouvoir : la preuve par le cousin du président
Il se dégage un parfum de sincérité de l’officier El hadj Ould Ahmedou qui semble convaincant quand à sa méprise qui a failli coûter la vie au chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdellaziz.
En effet, en ce 13 octobre dernier au soir, il a fait feu sur la Toyota V8 du président, sur la route de Twela, à 160 km de Nouatchott, respectant en cela les ordres du chef de l’Etat, qui veut qu’on tire sur tout véhicule qui refuse d’obtempérer à une sommation.
N’empêche, méprise pour méprise, un chef de l’Etat en villégiature n’avise-t-il pas ses services de renseignement et de sécurité qui gèrent cette promenade ? Un président se déplace-t-il comme un simple quidam sans un minimum de précaution, bref sans baliser son itinéraire, même si, dans le cas d’espèce, il est coutumier de la route, qu’il emprunte hebdomadairement ?
Est-ce vraiment une erreur sécuritaire ou un coup raté des islamistes ? Tout semble indiqué qu’on n’a pas fini de découvrir le fin mot de cette affaire.
Le second mystère concerne l’état de santé du président. Corpore Sano ! La santé du corps des chefs d’Etat a toujours fait l’objet d’ormeta sous presque tous les cieux. Les bilans de santé sont rarissimes, du moins gardés secrets, d’autres sont déclarés invulnérables, ne tombant jamais malades, voire immortels jusqu’au jour où on se rend compte qu’eux aussi sont de simples mortels.
« Puisqu’il saigne, c’est qu’il peut mourrir », affirme Arnold Swarznegger au sujet du monstre qu’il combat dans Terminator I. Nos chefs d’Etat sont donc de chair et de sang soumis eux aussi à la loi de la Thermodynamique.
Evacué le 14 octobre à l’hôpital de Percy à Paris, Mohamed Abdellaziz y est toujours perclus ; officiellement pour des raisons de convalescence.
A l’évidence, la thèse d’une blessure au bras ne tient plus debout, et même celle qu’aucun organe vital n’a été touché devient frêle chaque jour que Dieu fait.
Abdellaziz, à 6 000 km de la Mauritanie, est également loin des affaires, même si l’on affirme que c’est toujours lui qui dirige le pays.
En attendant, le constat est là : c’est bien son ami de 30 ans et quasi cousin, le général Mohamed Ould Gazouani qui régente la Mauritanie depuis le… bureau présidentiel. Dérechef il y a bien une atmosphère d’interègne ou de vacance du pouvoir qui ne dit pas son nom. Dans un pays où le poids des tribus est roi, celle des Ouled Besbah, la tribu du chef de l’Etat, n’entend pas laisser longtemps un quelconque vide. Dit autrement, le général Gazouani pourrait être tenté de garder le pouvoir si cette absence se prolonge. Ce serait un remake de ce qu’a toujours d’ailleurs fait l’illustre convalescent de Percy : renverser ses proches parents pour prendre le pouvoir :
le 3 août 2005 avec son cousin Elly Ould Vall, il commettait un putsch au détriment du chef de l’Etat Mouaya Ould Taya qui assistait aux obsèques du roi Fahd en Arabie Saoudite ;
le 5 août 2008, il renversait encore un lointain cousin démocratiquement élu, Sidi Cheick Abdellahi.
De son lit parisien, Mohamed Abdellaziz doit songer à ce bégaiement de l’histoire, dont il pourrait être la prochaine victime, le bourreau ayant toujours peur du gourdin.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana — L’Observateur Paalga