Mort d’Arafat: sur les traces du polonium
Deux brosses à dents, une chapka, un sous-vêtement… Les effets personnels de Yasser Arafat, au moment de sa mort à Clamart, sont devenus des pièces à conviction. Les expertises réalisées par l’Institut de radiophysique de Lausanne (Suisse) au printemps dernier ont révélé des taux anormalement élevés de polonium 210 (jusqu’à 54 mBq/ gramme).
“Cet élément radioactif, qui fait partie de la chaîne de l’uranium, se trouve à l’état naturel, avec une activité très faible, dans les sols ou dans les sédiments des océans, explique Jean-René Jourdain, radiobiologiste à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Mais il peut être produit artificiellement en quantité alors suffisante pour nuire à la santé des personnes exposées.”
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Obtenu grâce à un réacteur nucléaire (la Russie concentre 90% de la production mondiale, utilisée dans la recherche médicale), le polonium 210 devient alors un toxique mortel, s’accumulant dans le foie ou la rate, détruisant la moelle osseuse. Un microgramme versé dans les aliments ou dans la boisson suffit à tuer. Interrogé par L’Express, un spécialiste ayant examiné le dossier médical d’Arafat se montre sceptique. “En cas de contamination radiologique, les globules blancs s’effondrent d’un coup. Dans le cas présent, les taux apparaissent seulement perturbés”, note-t-il.
Les conditions de conservation des affaires du raïs ont-elles faussé les tests? Peut-on exclure l’hypothèse d’une manipulation? L’exhumation du corps pourrait apporter – enfin – des certitudes. Même huit ans après le décès, le poison a forcément laissé sa marque. Les experts français devraient donc prélever un os du bassin ou le sternum, le réduire en poudre et l’analyser. Si un taux significatif de polonium 210 était détecté, l'”affaire Arafat” commencerait tout juste.
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