Une étude scientifique sur l’Islam en Mauritanie
L’allemande Britta Frede de l’Université Libre de Berlin est auteur d’une passionnante thèse sur l’Islam en Mauritanie. Le titre de la recherche écrite en
Allemand sur près de 500 pages est : « Entre la continuité et le renouvellement, Sekhani et le développement de la Tijania en Mauritanie par exemple, le mouvement de la « Fayda » de Cheikh Ibrahima Niass ». L’étude se compose de 6 chapitres. Dans la première partie, elle retrace l’histoire des zawiyas de la « Hafizia », c’est-à-dire les disciples de cheikh Mohamed El Hafez dans la région comprise au Sud et au Nord du lac de R’kiz au sein de la tribu des Idawalis du Trarza.. L’histoire retiendra que c’est Cheikh Mohamed El Hafez qui a ramené la Tijania d’un voyage de la Mecque vers 1805. La seconde phase de la thèse jette une lumière sur la doctrine religieuse de la « Hafizia » et le mouvement de la « Fayda » de Cheikh Ibrahima Niass. L’auteur démontre que la « Fayda » est un mélange du soufisme et de la hafizia . Elle se caractérise par un accent particulier mis sur la « Tarbia » et le « diasbe ». La troisième partie replonge dans l’histoire coloniale. La scientifique y démontre comment les sources coloniales souffrent de beaucoup d’insuffisances et sont truffées de contrevérités sur l’Islam de manière générale et la Tijania en particulier. Le quatrième chapitre évoque le séjour de Sekhani, petit fils de Cheikh Mohamed El Hafez chez Ibrahima Niass pour étudier au côté de ce dernier. « Ceci est une stratégie d’intégration du nouveau mouvement dans la vaste famille de la Hafizia » commente l’auteur puisque « la diversité, c’est ce qu donne du succès à la Tijania » argumente-t-elle. La cinquième partie traite de l’établissement de la « Fayda » dans la région et les conflits avec la « Hafizia ». Le document se termine en fin sur les mouvements de sédentarisation avec la formation des premiers villages, le pouvoir politique et le rôle des tribus à cette époque. Toujours passionnée par les transformations sociales, Britta Frede entame une nouvelle recherche sur la transmission des savoirs islamiques par les femmes dans notre pays. L’étude sera publiée l’année prochaine en Allemand. La traduction de ces travaux en Arabe et en Français est vivement souhaitée.
Yero Amel Ndiaye