Daesh revendique les assassinats de Belaid et Brahmi
Un enregistrement de propagande publié ce mois-ci par l’Etat islamique (EIIL) contient un message menaçant pour le Maghreb.
Sous le pseudonyme “Abu Mouqatel”, le terroriste tunisien Abubaker Châambi Hakim affirme être l’instigateur de l’assassinat en 2013 des deux responsables politiques de l’opposition tunisienne Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Mais le contenu du message qu’il souhaite adresser à son ancien pays ne s’arrête pas là.
Dans cette vidéo réalisée en Syrie et publiée en ligne le 17 décembre, il apparaît aux côtés de trois autres combattants tunisiens de Daesh.
“Nous venons de Syrie et d’Irak pour venger nos camarades abattus par les forces de sécurité”, menacent ces quatre hommes. “Nous serons bientôt en Tunisie.”
Abu Mouqatel est né en 1983 et détient la double nationalité franco-tunisienne. Il avait combattu contre l’armée tunisienne à Kasserine avant de rejoindre Daesh.
Parlant de cette vidéo, le colonel à la retraite Mokhtar Ben Nasr estime que les terroristes “souhaitent adresser un message menaçant aux responsables politiques, aux responsables de la sécurité et à l’armée en Tunisie”.
“Ces groupes sont des criminels de guerre déviants, et les jeunes doivent savoir qu’ils ne sont que des lâches qui ne peuvent être considérés comme menant une guerre de libération”, ajoute-t-il.
“Nous voyons aujourd’hui sur le terrain qu’ils sont frappés partout où ils se trouvent, et que leur sort sera similaire à celui d’al-Qaida”, poursuit-il.
Bassel Torjman, spécialiste des groupes islamistes, explique pour sa part à Magharebia que le message d’Abu Mouqatel “révèle une vérité connue par beaucoup et un changement dans la pensée et le travail de l’organisation d’Ansar al-Sharia”.
“Ils ont modifié leur approche en faveur de la confrontation directe et de l’annonce claire de leurs méthodes, comme Daesh”, explique cet analyste.
“Cette vidéo montre de manière très claire les relations intellectuelles et organisationnelles qui existent entre les groupes terroristes”, poursuit-il. “Ces alliés, notamment Ansar al-Sharia, les conseils des rebelles, l’Aube libyenne et le Groupe islamique combattant libyen, s’orientent vers une nouvelle phase de l’extrémisme, qui aura de sérieuses incidences sur la sécurité et la stabilité du Maghreb et de la région subsaharienne, en particulier au Mali.”
Selon le spécialiste de la sécurité Ali Zremdini, le succès des récentes opérations sécuritaires a porté des coups durs aux organisations terroristes et aux cellules dormantes, les obligeant à adopter une nouvelle stratégie.
“Après leurs échecs répétés, la propagande médiatique est devenue leur moyen d’instiller la peur dans le cœur de leurs ennemis”, explique-t-il à Magharebia.
“Leur doctrine se caractérise par son caractère impitoyable, par des actes meurtriers et par la férocité, non seulement dans leurs actions, mais aussi dans leur forme d’expression”, souligne-t-il.
Il appelle à “braver la peur et répondre à la nécessité de vigilance, pour faire face au risque de terrorisme qui nous encercle de tous côtés”.