Daesh exécute des journalistes tunisiens en Libye
Des centaines de personnes ont manifesté ce vendredi 9 janvier à Tunis pour protester contre le présumé meurtre de deux journalistes tunisiens par des militants de Daesh en Libye.
La branche de Daesh dans l’est de la Libye a annoncé jeudi dans la soirée avoir exécuté le reporter Sofiene Chourabi et le cameraman Nadhir Ktari.
“Nous sommes tous Sofiene, nous sommes tous Nadhir”, pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les manifestants.
un site web de l’Etat islamique de Cyrénaïque a publié des photos des deux journalistes, affirmant que le groupe avait “appliqué la
Sharia de Dieu à leur encontre”.
Cette revendication n’a toutefois pas encore été confirmée par les autorités tunisiennes.
“Nous espérons que cette information s’avérera non fondée. Ce sont des journalistes innocents qui se sont rendus en Libye pour faire leur travail”, a déclaré le ministre tunisien des Affaires étrangères Mongi Hamdi sur Mosaïque FM.
Mais Abdelaziz Raouaf, journaliste libyen et animateur à la télévision à Tobrouk, a déclaré à Magharebia que ces journalistes tunisiens avaient bel et bien été exécutés.
“Ils ont été exécutés à Syrte, où se trouve un groupe affilié à Ansar al-Sharia, soutenu par les milices de l’Aube libyenne basée à Misrata. Ces groupes tentent d’occuper le croissant pétrolier, mais ils ont subi de lourdes pertes ; ils veulent par conséquent se débarrasser des prisonniers, craignant que leurs repaires ne soient découverts”, a-t-il expliqué.
Chourabi et Ktari avaient disparu le 8 septembre 2014 à un poste de contrôle proche d’Ajdabiya. Ces journalistes de la chaîne de télévision privée First TV menaient une enquête pour le compte de l’émission “Doussiyat”.
Le Président tunisien Beji Caid Essesbi a reçu ce vendredi les familles de ces deux hommes au Palais de Carthage à Tunis.
Ces présumées exécutions interviennent deux jours seulement après que l’EIIL s’est officiellement autoproclamé comme une force en Libye, indiquant qu’il avait étendu ses opérations dans tout le pays.
Ce groupe a publié des photos de ce qu’il affirme être des opérations menées par ses éléments contre l’armée libyenne dans le quartier d’al-Laithi, le dernier de ses bastions à Benghazi. Le groupe a également indiqué disposer de roquettes C-5.
Dès la diffusion de la nouvelle de la mort de ces deux journalistes, les Tunisiens ont tenu à manifester leur tristesse et ont fermement condamné cet acte terroriste.
“Je suis très triste ce soir après la mort de ces deux journalistes innocents qui ne faisaient que leur travail en couvrant les événements”, a déclaré Soumaya Farjallah, étudiante en science. “Ils n’avaient rien fait, et je suis révoltée par la manière dont ils ont été tués.”
“Nous haïssons les terroristes, nous ne voulons pas qu’ils vivent parmi nous parce que nous aimons la paix et nous nous battrons toujours pour la liberté”, a-t-elle ajouté.
Raouaf, le journaliste de Tobrouk, espère que les groupes islamiques radicaux seront éliminés.
“La région qu’ils contrôlent se réduit progressivement ; quatre-vingt dix pour cent de Benghazi sont désormais sous le contrôle de l’armée, Derna est assiégée, et l’armée a commencé à se déplacer vers l’ouest de la Libye”, précise-t-il.
“Avec l’aide de Dieu, nous les éradiquerons bientôt.”